Nymphes des origines
Le fond sonore d'une cascade bruissant rafraîchissait les invités accablés par la canicule dans la charmante cour intérieure du musée Maillol. Fontaine de Jouvence peut-être, pour cette collection baptisée Renaissance ? Mais une renaissance qui trouverait sa source dans les origines du monde, alors que tout n'était que toundras et steppes interrompues de coulées de lave et de geysers, et où naquit, comme par miracle, la vie et la végétation. Un murmure qui s'accordait aussi avec la sérénité et la grâce de la collection. Des nymphes vêtues de tenues impalpables aux tons toujours subtils, craie, vert amande ou lichen, grisés, roses tendres, terre brûlée, bleu nuit, orangés adoucis et des rouges éteints, couleurs de lave, d'embrasement avec soudain un vert gazon ou un écarlate, en touches sur des poches plaquées ou une brassière tablier, ont en effet défilé. Sous des combinaisons short, un pantalon en georgette de soie joue les trompe l'oeil en laissant deviner les jambes. Adeline André feuillette toujours les mousselines aériennes, nouant par de fins liens sur le côté ses robes évanescentes. Elle superpose aussi en cascades des bandes de satin de soie reliées de fins filins ou de la georgette en strates à plis ronds décroissants, pour des robes aux camaïeux subtils. On retrouve ses vestes à trois emmanchures, mais aussi, pour cette saison, des vestes à ampleur devant empreintes de sérénité, ampleur que l'on retrouve dans des tuniques et robes tablier à grand pan d'aube de prêtre. Des robes asymétriques en fourrure de soie, ornées de noeuds en queues de lynx, des capes à col drapé superposées sur une robe, des robes empilées maintenues par des noeuds " couleuvre " créent une élégance féérique. Des encolures drapées, enroulées, cloquées et coulées, des plis " tectoniques " en faille de soie, des plissés telluriques, évoquent la création d'un monde. Pour accessoiriser ces tenues au style personnel si maîtrisé, des sacs " abîme ", des gants réservés aux doigts verts, un sac à main en forme de main.
Virginie Transon
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