L'adieu à la couture
Dernière collection Haute Couture de Paco Rabanne, qui continuera cependant de superviser le prêt-à-porter et les parfums, selon la décision du groupe catalan Puig, trente ans après avoir fondé sa maison et révolutionné la couture. Malgré la standing ovation, il n'a fait qu'une brève apparition sur le podium pour un dernier geste d'adieu à ses aficionados. Pour cette ultime collection, il nous a offert un festival de ses spécialités. En entrée, des patchworks de cuir façon vitrail, dont celui d'un Arlequin de Carnaval de Venise arborant masque et fraise, en redingotes, manteaux, tailleurs jupe épaulés, robes-lampions ou combinaisons pantalon, pourpoints à manches géantes et capes à queues de fausse fourrure, bordés ou incrustés de fausse fourrure aux couleurs éclatantes, rose shocking, jonquille, bleu électrique, vert acide, ultraviolet. Suivait une multitude de petites robes fluides et de fourreaux en jersey métal scintillants aux motifs géométriques façon Mondrian, ou en trompe l'oeil, par exemple de chasuble sur pull marin ou de gilet. Des ensembles en cotte de maille étincelants frangés, des pulls de métal à mailles géantes et des pourpoints bijoux sur pantalons étroits de velours nuit déclinaient son talent d'orfèvre. Un fourreau à quille en mousseline noire était parsemé de fleurs en filtre à huile en camaieu violine et strass. Des corsages en pastilles de métal accompagnaient des jupes à quille en velours. Pour finir, d'étranges robes d'extra-terrestres hérissées de sortes de fins palpeurs épines sérigraphiés à l'image de monuments : Reichstag de Berlin, Atomium de Bruxelles, Opéra de Sidney, Statue de la Liberté, et enfin, Paris, ville en sursis selon le couturier médium. La mariée était une tsarine du nouveau millénaire, emmitouflée dans sa robe-manteau de fourrure brodée de tulipe d'or, altière sous sa mantille haute de dentelle or.
Virginie Transon
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